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Un jeune homme immature
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Un jeune homme immature
19 août 2009

Louis et Sophie, avant l'orage

Derrière ses lunettes noires, Louis a les yeux qui se ferment.
Deux types énervés jouent au jokari, ils gueulent des mots bizarres. Louis pense qu'ils sont suédois. Leurs cheveux blonds, leur peau rouge écrevisse, couverte de coups de soleils. Des shorts de handball adidas moulent parfaitement leurs petites fesses.
Sophie n'y fait pas attention. Elle siffle maladroitement une chanson de Madonna.
Une grosse dame les croise, elle promène un Yorkshire bouffi. La ressemblance est frappante, Louis esquisse un sourire, chuchote à l'oreille de Sophie. Sophie se retourne, elle rit.
Louis ne sait pas comment aborder le sujet de son urophilie avec Sophie. Il la voit déjà à califourchon au dessus de lui, urinant sur sa figure, sur son torse, dans sa bouche. Louis craint la réaction de Sophie. Elle le prendrait pour un cinglé, c'est sûr. Alors il n'en parle pas.

Ils avancent mollement, le sable brûle sous leurs pieds. Un Dj passe des disques de New-wave en haut de la plage. Vidés de tout enthousiasme, leurs bras pendent le long de leurs corps suintants. Louis lui tient vaguement la main. Cette nuit ils ne l'ont toujours pas fait, mais ça lui est égal, le moment venu ça sera vraiment cool. Peut-être une fois revenus à Paris.
"J'ai vraiment soif" marmonne Sophie en lui léchant l'épaule.
Deux types en deltaplane survolent l'îlot en face, ça doit faire une semaine que Louis n'a pas vidé ses couilles. Depuis sa dernière visite sur ces sites scatophiles. Des jeunes brésiliennes se chient dessus, se pissent dans les cheveux. Il y a des japonaises aussi.
Une femme d'un certain âge retient son attention, les yeux de Louis s'ouvrent derrière ses verres teintés. Elle a la quarantaine bien sonnée. La vieille remonte la plage vers sa serviette, elle dégouline, une chevelure brune immonde descend sur son dos, ses seins nus pendent d'une façon étrange.
"U?..." lâche Louis.
Sophie n'a pas de poitrine, ses tétons pointent à travers sa robe blanche. La vieille ressemble à un type des Guns N' Roses.
Louis se demande pourquoi ses copines n'ont jamais de gros seins. Il balaye la plage du regard, s'arrête sur de sublimes paires de nichons. La plupart des nanas ont des allures de Pom-pom girls.

Cet après-midi, ils l'ont passé dans un champ de maïs à jouer de la guitare et à s'embrasser, se roulant dans la terre sèche.
"On a vraiment l'air de gros hippies, Louis"
Ils cherchaient la fraîcheur au ras du sol, sous les épis. Leurs odeurs dégueulasses se mêlaient admirablement, depuis 3 jours ils se lavent à l'eau salée, sans savon. Des haleines au goût de vin rouge, de vieille bière et de tabac froid.
Louis aurait voulu manger du pop corn en visionnant Scream 3, enfermé dans une salle de cinéma froide. La moustache de David Arquette le fascine. Celle de Patrick Dewaere aussi en fait. Celle de Matt Dillon dans Mary à tout prix.
Petit, c'était celle de Zorro.

Sous le soleil assassin, ils marchent vers la mer. Les gens profitent des dernières gouttes d'été, les familles s'étalent sur la plage, les adolescents sautent du plongeoir.
Louis lâche la main de Sophie, s'arrête au bord de l'eau. Il s'imagine habillé en boule de pop corn, déambulant dans une boutique de souvenirs à Los Angeles. Son costume est très large, Louis percute les rayons, les mugs en porcelaine explosent sur le sol.
Les galets ont remplacé le sable, les vagues viennent lui mordre les pieds. Il la suit des yeux, elle creuse son chemin, l'eau lui arrive au nombril, Sophie se retourne. Elle lui fait un signe. Il avance à son tour, puis s'arrête aux chevilles. La tête de Sophie disparaît sous la surface de la mer, pour émerger un peu plus loin. Louis baille un moment et observe un enfant trisomique qui joue au ballon avec son père.
"Mon dieu..." lâche Louis, inaudible.
Le ballon tombe à quelques mètres de lui. Il ne bouge pas, suit des yeux le trisomique, la bouche tordue par la gêne. Sophie nage à brassées molles vers le plongeoir. Des oiseaux dont il ignore le nom se disputent un papier de Twix sous le regard désabusé d'un goéland perché sur un rocher.

Louis a les tempes coincées dans un étau. Une petite fille affolée court vers sa famille de bourgeois parisiens en hurlant qu'elle a vu un gogol jouer dans l'eau.
"J'ai eu très peur papa tu sais"
Une crête en tissu entoure la taille de son maillot rose, elle doit avoir 11 ans, ses cheveux bouclés châtains sont ramassés dans un petit noeud mauve à pois jaunes. Louis ferme les yeux et imagine la fillette vers 17 ans. Il la voit nue, allongée sur une chaise longue au bord d'une piscine. Il bande.
Un yacht passe à l'horizon. Louis aimerait passer une soirée sur un yacht, au large des côtes californiennes, des tas de nanas sexy très connes, un groupe de Lo-fi, des cocktails sucrés. Une croisière le tenterait moins. Il aurait peur de se faire chier au bout d'un moment. A moins d'embarquer son Macintosh, sa Game-boy et un bouquin de Céline.
Le générique de la Croisière s'amuse résonne dans sa tête. Puis celui de Newport Beach. Les visages de Summer et Seth se dessinent dans l'écume, il se met à penser à sa chienne Mollie.

Une bande d'adolescents joue au foot au bord de l'eau. Leur ballon jaune et bleu atterri régulièrement du côté des bourgeois. Le grand-père le prend en pleine tête, la mère hystérique hurle, le père se lève en agitant son Télérama, la fillette de 11 ans se met à pleurer. La grand-mère ne bouge pas sous son masque aux concombres.
"C'est vraiment intolérable! Allez jouer ailleurs espèces de salauds!"

Sophie nage vers le rivage, le soleil disparaît quelques secondes derrière un nuage blanc, sa robe trempée laisse transparaître des poils de chatte. Le vent se lève, des véliplanchistes passent à toute vitesse. Sophie prend la main de Louis et ils remontent la plage, se laissent tomber et s'endorment sans parler. Le corps contre le sable brûlant. Un troupeau de nuages gris pointe au large, ça commence à sentir l'orage. Dans une demi-heure ils seront réveillés par une pluie froide.

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