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Un jeune homme immature
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Un jeune homme immature
30 juin 2008

Sylvie est punie

Sylvie est punie. Sa mère l'a enfermée dans sa chambre. Sylvie a été vilaine à l'école car elle n'a pas voulu aller au tableau réciter sa poésie de Mallarmé. Au lieu de ça, Sylvie s'est mise à imiter les cris du fer à repasser en dansant sur son bureau, faisant valser cahiers et crayons. La semaine dernière déjà, elle s'était comportée comme une petite effrontée en arrivant couverte de goudron en cour d'arithmétiques. L'institutrice s'est plainte auprès de sa mère, qui l'a donc enfermé dans sa chambre. A double tour. Jusqu'à nouvel ordre.

Sylvie est prisonnière et elle s'ennuie. Elle a bien essayé de s'enfiler "L'être et le néant" de Jean-Sol, "Le Prince" de Machiavel ainsi que l'Ancien Testament en Hébreux. Mais ça l'a vite gonflée. C'est trop ennuyeux. A souhait. Elle déchire ces bouquins de pacotille et saute sur son lit en jetant les pages en l'air. Sylvie rit aux éclats et chante le générique de Michel Strogoff. Sa voix perçante réveille Albert, son chaton qui dormait pésiblement parmis la collection de meringues de Sylvie. Albert miaule à tue tête. Sylvie chante comme une sourde. Les lattes du lit flanchent dans un claquement inquiétant. Tchack tchack tchack...

Sylvie regarde par la fenêtre ouverte. Dans l'immense ciel bleu elle voit passer un troupeau de canards transportant une vielle Simca 1000. Sylvie se met à mordre une ampoule lorsque la tête d'un homme viril apparaît à la fenêtre.

"Je n'ai aucun regrets" hurle l'homme. "Ni d'avoir assassiné mon père, ni d'avoir dépucellé ma mère."
La petite Sylvie est perdue dans sa réflection et n'écoute pas l'homme parlé. Elle s'est mise à tricoter un anorak en toile de jute.
"Je vous reconnais monsieur. Vous êtes l'ancien amant de mon père avec qui vous avez eu des triplés. Êtes vous au courant des récentes réformes du gouvernement Chipriote au sujet de la pratique de la flûte à bec en milieu hospitalier?"
"Petite insolente, je pourrais être votre Tante! Je suis l'ancien gynécologue de votre grand-mère, je vous pris donc de cesser vos simagrées."

A ces mots le vétéran champion de Golf en Nouvelle Calédonie pénètre dans la chambre de Sylvie, se glisse dans les draps fraichements lavés et s'endort avec son ours en peluche. Sans avoir oublier d'enfiler le pyjama de Sylvie et programmé son réveil pour l'armistice indo-péruvien. Sylvie sort une chèvre de sa pendrie et la traie. Elle y extrait  du whisky écossais qu'elle boit d'une traite sans le partager avec Albert, trop occupé à jouer au Scrabble avec essaim d'abeilles. Albert ne cesse de miauler car il excelle dans ce domaine social. Le coeur nerveux des avettes bat la chamade.
Sylvie est saoûle. Elle accroche das taies d'oreiller bout à bout, et s'évade de sa geôle, en rappel sur la façade de la maison. En passant discrètement devant la fenêtre au rez-de-chaussée, elle aperçoit sa mère vêtue d'une combinaison de sky, allongée sur le buffet du salon.

La grêle tombe violemment dans la cuisine. Sylvie reste un moment écouter les grêlons s'écraser sur les casseroles et les poêles. Sylvie se met à courir vers l'étang le plus proche. Elle s'agenouille au bord de l'eau. Ses genoux écrase l'herbe gorgée de rosée. Se prenant pour François 1er, elle ouvre la bouche et la plonge dans un tas de copeaux de bois. Elle en a plein la bouche et s'amuse à les cracher sur les libellules trop bruyantes.
Une petite bruine commence à ruisseller sur ses jolis cheveux blonds. Sylvie trempe ses doigts dans sa tignasse. Elle s'étonne car cette bruine visqueuse a un goût salé. Au dessus de Sylvie, un garagiste islamiste et un avocat irlandais taillent les nuages à la tondeuse sous un soleil de plomb. Les ouvriers transpirent à grosse goute. Leur sueur dégouline sur la petite Sylvie, merveilleusement naïve et saine. Les morceaux de nuages s'envolent avec le vent léger.

Sylvie décide de traverser l'étang. Elle ôte ses charmants souliers vernis et foule les flots de ses petits petons nus. Dans sa course elle croise un menuisier catholique qui joue à la marelle sur les eaux douteuses de l'étang. Sylvie fait une partie avec lui et s'en va.
"Vous avez de bien belles gambettes jeune midinette" hurle le menuisier alors que Sylvie court déjà. "Surveillez vos fusibles, assurez vos jupons. Le fatalisme aura raison si vous ne prenez pas garde au malin Goupil. Je l'ai croisé hier, il marchait à reculons cherchant des petites filles comme vous."
Sylvie effectue un splendide salto arrière, retombe sur le menton et s'écrie:
"Je vous ai pris pour un lama snob. Votre cigare empeste tellement le patchouli. Je réviserais mon alphabet lors du prochain Tour de France si vous y tenez. Au revoir, tâchez de sirotez d'avantage d'huile de vidange en décriptant les discours de Mittérand."

Ayant fixé un ballon rouge à chacune de ses grosses pattes, un gorille vêtu de guêtres ainsi que d'immenses lunettes d'aviateur se laisse porter par le vent. Il est suivi par une horde d'inuits maoïstes pilotant des deltaplanes à toute berzingue. Enthousiasmée par ce spectacle existentialiste, Sylvie sautille sur les flots en chantonnant l'hymne irakien. Ses belles détentes amplies de souplesses provoquent de coux clapotis sur la sage surface de l'étang, laissant apparaître de mystérieuses rides concentriques.

Dans l'horizon brumeux de cette surface aquatique plane et humide, Sylvie aperçoit un couffin qui vogue à vitesse constante. Lorsqu'il arrive à distance, Sylvie bondit sur le couffin pour découvrir son passager. Ce passager s'avère être un physicien aristocrate dépourvu de la moindre tenue vestimentaire. Un relant d'hydromel parvient à sa glotte quand Sylvie se rend compte que ce physicien est littéralement en train de déféquer sur un lémurien.
"Il a voté pour Berlusconi aux dernières élections" rugit le physicien quand Sylvie enfile une combinaison de plongée. "Votre virilité trahit un terrible inceste qui vous a transpercé il y a 5 ans."

Le physicien fixe les orteils de Sylvie. Affolée par l'allure de lévrier de cet aristo qui a deviné l'existence du 1er viol dont elle fut victime à l'aide de son grand-père, Sylvie gagne la berge. Elle croise le chemin d'un orignal vêtu du maillot du FC Barcelone. Ce nigaud se mouche avec le plan des réseaux Rer de Limoges. Sylvie en tombe immédiatement amoureuse. Cet orignal sera son plus foudroyant amour.
"Je doute que vous ayez déjà remporté une seule partie de baseball, monsieur l'orignal" s'exclame Sylvie. "Avez-vous au moins votre carte du parti communiste? Elle permet de nombreuses réductions sur les articles d'électro-ménagé, et ce dans tous les supermarchés de Cuba."
"Fillette, sachez que j'ai eu une enfance difficile. Mon père me fouettait pendant que ma mère chantait les plus belles chansons de Michel Sardou. J'étais forcé de cueillir dix tonnes de framboises d'orégon chaque matin avant d'aller à l'école."

Sylvie ignore l'orignal et s'enfile une fiole pleine de cognac. Elle lance la fiole sur la surface de l'étang. Ce beau lancé lui vaut une impeccable série de ricochets. C'est à ce moment là qu'un écureuil anarchiste arrive trombe. Il dérappe sur les pattes arrières en hurlant à Sylvie:
"Suivez moi Miss! Tout de suite!"
La pauvre Sylvie demeure un temps perplexe, ne sachant pas ce que lui veut ce stupide écureuil. Elle est mal à l'aise et de maussade humeur. Sylvie dévisage l'écureuil d'un air inquiet.
"Dépêchez-vous insolente! C'est une question de minutes!" crie de plus belle l'écureuil, trainant à présent Sylvie par les cheveux.
"Mais bon sang, espèce de brute sanguinaire, vous perdez la tête! Cessez immédiatement ces fourberies ou je vous traîne en justice."
L'écureuil crache une chaussure qui le gêne pour prononcer les consonnes et balance négligemment Sylvie. Elle traverse le toit ouvrant d'une cadillac garée sur la rive. Sylvie tombe sur la banquette arrière. L'écureuil bondit au volant de la cadillac et démarre dans un gigantesque vacarme. Les pneus de la cadillac décapent le sol. Dans une vitesse folle, le couple longe l'étang, défonçant tout sur son passage. A l'arrière, Sylvie hurle comme une furie.

Une fraction de secondes plus tard, un vautour kamikaze ceinturé d'explosifs réalise un génial attentat suicide contre le tronc d'un saule qui se met à pleurer d'avantage qu'à son habitude. Le vautour explose dans un rayon de trente mètres. L'onde choc provoque une faille sismique qui entraîne un raz-de-marée. Les vagues se déchaînent sur l'étang.
"Vous voyez Miss, je vous ai sauvez la vie" lance l'écureuil, un rien pédant.
Les yeux rivés sur son rétro, l'animal contemple la scène décaphonique. Sylvie n'ne revient pas. A genoux sur la bnquette, elle reste bouche bée face aux évènements.
Un camion pompier émane d'un terrier de girafe. Il est piloté par le vétéran champion de golf sensé dormir dans le plumard de la petite Sylvie.
"L'ancien amant de mon père!" s'exclame Sylvie.
Le camion pompier se met en double file aux côtés de la cadillac.
"Il ressemble à une machine à laver, quelle orgueilleuse dégaine. Il me fait penser à ma soeur qui débranchait les épicéas sous perfusion" fait remarquer l'écureuil.
"J'ai kidnappé la soutane du curé de Westminster!" gueule le vétéran champion de Golf, tentant couvrir ardemment l'insupportable moteur des engins vrombissants. "J'ai beau être monothéiste, les semences de sa sainteté me répugnent. Je contient ma colère pour mieux crystalliser mes songes, Sylvie. J'ai répendu de l'humus sur votre édredon."

Le vétéran champion de golf vomit ses organes internes. La puissance du jet explose le pare brise du camion de pompier, qui se retrouve instantanément face à lui même. La cadillac se met à tousser pour faire comprendre à l'écureuil que c'en est trop. De la fumée noire s'échappe du capot. La voiture est victime de soubresauts et au bout d'un moment elle s'évanouit, les pattes avant dans l'étang.
"Je n'ai effectivement aucune connaissance onirique Miss. Faites abstraction de tout ce dialectisme instauré par Aristote et fécondez autant de théières que vous pouvez. J'ai bien aimé notre ballade digestive Miss."
A ces mots, l'écureuil plonge dans l'étang. Sylvie attend qu'il ressorte. En vain. Il doit désormais nager dans ces eaux pleines d'allégresse, cotoyant plumes et coton. Sylvie verse une larme et s'asseoit sur un cerceuil rangé entre un lama empaillé et un plan de poireau capitaliste. A peine a-t-elle commencé à compter les nuages, que Sylvie tombe en arrière. Elle est renversée par le couvercle du cerceuil qui se soulève. Elle se retrouve les quatre pattes en l'air, exhibant sa culotte aux sosies de Mussolini qui passaient par là. Sylvie pousse un cri de struppeur lorsque sa mère déguisée en Léon Blum sort du cerceuil, jouant du sitar.

"Vilaine fillette, je ne peux même pas te laisser tranquilement enfermé dans ta chambre sans que tu ne cherches à imiter les husards ventriloques! A présent rentrons à la maison j'ai cuisinné un orignal. Il devrait être goûtu, il était vêtu du maillot du FC Barcelone."
Sylvie suit sa mère en pleurant car elle va devoir manger l'amour de sa vie. Elle traîne les pieds jusqu'à sa chambre. Elle peine à l'atteindre, étant donné que le couloir est obstrué par un troupeau de lampes halogènes anglicanes. Après une série de gymnastique intensive, Sylvie parvient à entrer dans sa geôle en marchant sur Albert. Le corps inerte du félin est étalé au pied du lit.
"Albert, tu devrais arrêter de prendre de l'héroine en mon absence" gronde Sylvie en voyant les seringues usagées balancées sur le tapis.
Sylvie se précipite sur son édredon pour déguster l'humus laissé par le vétéran champion de golf. Au lieu de ça, elle trouve un dé à coudre rempli d'arsenic. Elle le boit cul sec et éteint la lumière.

Durant la nuit Albert sort de son coma, réveillé par un Goupil qui pénètre dans la chambre de Sylvie. Le rusé embrasse l'enfant dans le cou et s'en va.

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Commentaires
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Zut alors, j'ai écrit un commentaire hier sous la boîte à lettres pour vous féliciter. Et il ne s'est pas matérialisé !
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